photo Celui qui tombe | Yoann Bourgeois

Celui qui tombe | Yoann Bourgeois

Dijon 21000

Le 10/03/2022

Yoann Bourgeois fait-il du cirque, de la danse, du théâtre ? Peu importe. Il propose des images, au sens de Bachelard, qu’il aime à citer : non pas des idoles inertes, mais la matière première et changeante de l’imagination, puissance active et déformante, qui est « dans le psychisme humain l’expérience même de l’ouverture, l’expérience même de la nouveauté ». Ces images nourricières de notre expérience, il les construit à la manière d’un physicien du sensible. Son monde est d’abord celui de Newton. Il est donc expérimental. L’humain, sans privilège, s’y tient d’abord à l’égal des choses. Appliquez une force à sa masse, son mouvement en sera modifié. Appliquez-en plusieurs (gravitationnelle, centrifuge…), leurs effets s’additionneront. Comment donc un corps humain, plongé dans un champ de telles forces, va-t-il y trouver sa place ? Sous nos yeux, une demi-douzaine d’entre eux cherche calmement son équilibre sur un plateau mouvant, s’ajuste aux changements de cet univers en bois clair de six fois six mètres carrés. Se pencher, tendre la main, s’agripper, s’enlacer : avant de lâcher prise, ils réinventent un précis de quelques gestes fondamentaux qui nous appartiennent à tous,[...]

photo Bertrand Chamayou

Bertrand Chamayou

Dijon 21000

Le 10/04/2025

Bertrand Chamayou est de retour avec une Odyssée dont lui seul, ou presque, est de nos jours capable: l’intégralité de l’œuvre pour piano de Ravel. Un récital en forme d’hommage au grand compositeur français à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance. S’il n’était pas lui-même un virtuose, on sait que Ravel a trouvé toutes ses idées au piano, au plus près du bois, du clavier, et de la corde. Cette proximité quasiment fusionnelle explique sans doute le sortilège qu’exerce sa musique pour clavier, si contrastée et pourtant si cohérente, au style immédiatement reconnaissable. Tantôt économe, tantôt révolutionnaire, presque toujours pudique, il nous offre un album où ne figurent que des merveilles. Irrésistible, le classicisme de la Sonatine, entre sagesse et exaltation; prodigieux, le kaléidoscope des Miroirs ; sobre et déchirant, le chant du Tombeau de Couperin, hommage aux morts de la Grande Guerre; ensorcelante, la vivacité des Jeux d’eau; surprenantes, les Valses nobles et sentimentales qui réinventent la danse, la dégraissent, la rudoient, la métamorphosent… Et dans ce temple, comme un sombre diamant, repose Gaspard de la nuit : chef-d’œuvre de la modernité pianistique[...]

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